jeudi 14 février 2019

Jourde, vaches de lectures...

J'évoquais dans mon précédent billet Le voyage du canapé-lit de Pierre Jourde ; je n'ai pas mentionné les diverses émotions, fortes et touchantes, que suscite la fin du livre... Parmi celles-ci , même si elle n'est pas la plus essentielle, il en est une qui me touche particulièrement. J'ai déjà noté dans ce blog (voir en septembre 2012 et Novembre 2013) comment le Pays perdu cantalou de Pierre Jourde me renvoyait à mon Rouergue natal. Et j'ai la faiblesse de croire que nos références communes expliquent une certaine communauté de pensée face à bien des aspects du monde qui nous entoure... Mais là n'est pas le propos.
Dans les dernières pages du Voyage (celui du canapé, pas celui de Céline), Jourde affiche le plaisir qu'il éprouve à croiser les troupeaux sur ses routes, et les satisfactions qu'il connut enfant à garder les vaches, avec pour seule compagnie celle d'un livre. Et cela, nous sommes très peu d'auteurs dans le landerneau littéraire à pouvoir nous en flatter ! Et pour avoir si souvent meublé ces longues demi-journées de garde bovine (parfois un peu distraite) en plongeant le nez dans un ouvrage, à plat ventre dans l'herbe le plus souvent, je pense pouvoir partager les mêmes sensations que Pierre Jourde.
Et il ne s'agit pas d'un cliché folklorique ni de sentimentalisme nostalgique, surtout sous la plume de Jourde : celui-ci sait dire la vie sans puérilité ni moralisme, et surtout parler des humbles sans mépris ni condescendance. Même s'il est né à Créteil, avant de devenir universitaire, ses souvenirs sont ceux d'un ancrage dans la vraie vie rurale, rude et forte. Souvenirs qui mettent à l'abri des tentations de démagogie et de flatterie vis-à-vis des puissants. C'est même ce que certains d'entre eux ne lui ont jamais pardonné. Les vaches...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire