mardi 4 juin 2019

D'Appollinaire à Daesh

L'actualité a ceci de remarquable qu'elle permet immanquablement de constater la redondance des choses, et par là même de montrer que c'est le regard porté sur ces choses qui autorise l'esprit critique.
Ainsi ces jours-ci compte-t-on les ressortissants français condamnés à mort en Irak pour leur appartenance à Daesh. On atteint désormais la douzaine. Le gouvernement français a pour position de les laisser juger là-bas, où ils ont sévi ; mais la France demeurant fidèle à son opposition à la peine de mort, elle insistera pour que cette peine soit commuée en perpétuité. Je ne serais pas surpris si un proche avenir voyait surgir des complications ou des contradictions, mais la position française me parait cohérente, malgré les habituels cris d'orfraie de quelques impuissants aux mains forcément propres.
Flash-back : en août 1914, Guillaume Appollinaire veut s'engager dans l'armée française (ce qu'il n'obtiendra qu'en décembre), pour remercier le pays qui l'a accueilli enfant, qui l'a éduqué et qui lui a permis de s'exprimer. Pas la CMU, pas le RSA, pas les Allocs, simplement de quoi vivre, apprendre et créer...
Les condamnés français d'Irak sont généralement, eux aussi, issus de l'immigration. Ils ont quitté la France pour aller aider les terroristes qui entendent la détruire.
Si l'attitude d'Appollinaire, et avec lui de nombreux autres étrangers, auteurs ou rapins de Montparnasse ou de Montmartre dont le mode de vie ou les oeuvres n'avaient rien de va-t'en-guerre, si cette attitude conforte la grandeur d'une France terre d'asile, celle des salafistes appelle des constats plus mitigés et des analyses plus subtiles. Il y aurait la nécessité d'un débat apaisé, par exemple sur la dimension culturelle de l'intégration ou le sens des migrations. Malheureusement on en est loin, et sans doute pour longtemps.

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