mardi 28 avril 2020

De Céline à Raoult...

La quinine serait-elle, siècle après siècle, un redoutable révélateur des moeurs des institutions médicales ? Depuis Céline jusqu'au Professeur Raoult, on peut se poser la question.
En 1925 paraissait chez l'éditeur Douin un traité La quinine en thérapeutique, signé d'un médecin parisien, Louis Destouches. On aura reconnu celui qui signera plus tard Louis-Ferdinand Céline. Dans le même temps, les premières velléités littéraires de celui-ci se concrétisèrent sous la forme d'une pièce de théâtre, assez moyenne et éditée bien plus tard, intitulée L'Eglise. Cette pièce en trois actes concentre tous les griefs du Docteur Destouches contre l'establishment des institutions médicales de l'époque, qu'il connaissait bien pour avoir longtemps travaillé à la Fondation Rockfeller et à la Société des Nations. Ce titre de l'Eglise n'est pas anodin, et l'auteur expliquera comment ces institutions relevaient collectivement d'une église, avec ses prêtres, ses serviteurs et ses fidèles gouroutisés, fédérés autour d'intérêts communs et du pouvoir que leur conférait une Vérité officielle et indiscutable. Il est difficile de citer ici des extraits, pour des raisons "céliniennes" faciles à deviner, mais leur actualité est assez bluffante...
En 2020, autant dire un siècle plus tard, la quinine chère à Céline revient sur le devant de la scène, rebaptisée hydrochloroquine, par le biais du Professeur Raoult. Au delà des vertus thérapeutiques du traitement prôné par ce dernier, sur lesquelles nous ne nous prononcerons pas, ce sont les réactions de l'establishment (celui de 2020) à l'encontre du médecin marseillais qui apparaissent de la même veine que ce que décrivait déjà l'écrivain. Raoult aura au moins eu un mérite, celui d'illustrer à travers ses longs conflits, avec Lévy et l'Inserm par exemple, ou au sujet de l'hydrochloroquine plus récemment, ce que cet univers peut générer d'entre-soi, de favoritisme, de brimades, de médiocrité et d'absurdité, sur fond d'endogamies suspectes. "La tartufferie monstrueuse de gros intérêts économiques et par conséquent des pouvoirs publics", écrivait Céline en son temps.

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