dimanche 13 juin 2021

Malaises et précarités

On sait depuis longtemps que le monde de "la culture", que les français, disent-ils, plébiscitent tant, que ce monde vit dans la précarité. Il y a celle, conjoncturelle, liée à la crise sanitaire, et celle plus structurelle dûe à une époque où quoi qu'on en dise la consommation a supplanté l'envie de culture : autant de sources de pauvreté. Mais n'en a-t-il pas toujours été ainsi ?

Il est permis d'en débattre. Pourtant certaines postures me semblent témoigner d'une mémoire courte et d'une maturité incertaine : dans l'actualité, une étude du Syndicat du Livre et de la Communication écrite (CGT) montre que les "correcteurs travailleurs à domicile", dont les conditions de travail sont très diverses, craignent les mutations technologiques, regrettent les grandes fluctuations de leur activité et veulent être sécurisés. De leur côté, les "Auteurs, Autrices en Action" (AAA) affrontent les éditeurs du Syndicat National de l'Edition (SNE) et les pouvoirs publics en réclamant un statut des auteurs et une rémunération pour leur présence dans les salons ou festivals, afin que ces "professionnels" (dont beaucoup d'auteurs de BD qui constatent à leur tour le recul des ventes du 9ème art) "puissent vivre dignement de leur travail".

Certes. Mais est-ce que cela passe par une institutionalisation de l'activité, avec statut et salaire ? De tout temps, l'artiste a pris le risque d'être marginal, et de tout temps l'offre a été tributaire de la demande. Une fois cela dit, je suis d'accord que l'auteur, paradoxalement parent pauvre de la chaine du livre, soit mieux considéré que les quelques % qui lui sont octroyés. Mais cela ne suffira pas toujours à en faire ce "professionnel" pouvant vivre de son instrument. Principe de plaisir, principe de réalité : toute création est par essence aléatoire, quelle que soit la morale dont on la pare...

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