mercredi 8 septembre 2021

Kaboul, ou le triomphe de la culture...

Dit comme cela, ça peut surprendre... et pourtant. Nous ne nous égarerons pas ici dans les méandres de la politique étrangère, mais remontons vingt ans en arrière : l'Occident débarque en Afghanistan pour nettoyer ce pays des Talibans, suite aux attentats du 21 septembre 2001. Militairement, le problème est vite réglé ; on entreprend alors, intension louable, de faire en sorte que le "peuple afghan" puisse à l'avenir se protéger d'un retour éventuel de l'idéologie talibane : on lui construit une armée et on occidentalise sa culture (libertés, droits des femmes, etc...).

Vingt ans plus tard, après l'effondrement que l'on sait, quel bilan peut-on en tirer ? Ce n'est pas une défaite militaire : l'armée afghane n'a pas combattu les talibans et, hormis les supplétifs des occidentaux, le "peuple afghan" ne s'est guère opposé aux nouveaux maitres de Kaboul.

Bref, l'occidentalisation n'a pas fonctionné, parce que la majorité du pays n'en voulait pas. Voilà un quart de siècle que Samuel Huntington l'avait annoncé, dans son Choc des civilisations: les cultures retrouvent la prééminence sur les idéologies essoufflées. Faut-il dès lors s'étonner que toutes les colonisations finissent par le rejet des colonisateurs, quand bien même leur bilan serait défendable ? Désormais les conflits, annonçait Huntington, se feront à partir des civilisations et non plus des idées. La droite américaine le fustigea car il était démocrate, la gauche parce que le propos était iconoclaste.

A une échelle plus rapprochée, culture égale communauté et jacobinisme vaut colonisation. J'ignore si ce constat est pessimiste ou non, et ne lis pas dans le marc de café. Simplement, on vérifie à Kaboul que les cultures enracinées, une fois de plus, priment sur les constructions de l'esprit. Nos élites, contemporaines et si éclairées seraient bien avisées de le comprendre enfin.

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