mardi 5 avril 2022

Dépolitisation, de la vacuité à Jacquouille...

C'était une campagne électorale, et elle s'achève dans trois jours, du moins pour le premier tour. Il n'y a pas eu de campagne, me répondez-vous ? Eh bien peut-être n'est-ce pas plus mal, tant la vacuité des programmes et des postures aura été affligeante. Les propositions ne tiennent ni de la doctrine ni du projet, mais évoquent plutôt la liste des commissions, clientélistes, anecdotiques ou pathétiques. Quelques candidats ont fait illusion mais se sont vite perdus : Zemmour a parlé civilisation, avant de partir dans un délire névrotique d'un autre temps. Pécresse a parlé réformes, avant de sombrer dans les flots battus de l'agonie de son parti, écartelé de toutes parts. Mélenchon a noyé son talent dans une vieille démagogie brouillée avec les chiffres et parfois très ambigüe. Hidalgo aurait pu porter une social-démocratie nouvelle, avant de s'enfermer dans un sabir militant inclusif (socialiste-et-écologiste, celles-et-ceux, tous-et-toutes...) inaudible pour tout français normalement éduqué. Lassalle apporte la fraicheur des oubliés, témoignage essentiel mais fâché avec tout esprit de synthèse. Quant au candidat-président, il n'est jamais apparu aussi sûr de lui et trop occupé pour descendre dans l'arène...

Simple problème de timing face aux crises domestiques ? Nullement, si l'on considère que l'Europe elle-même, face au retour du tragique dans les plaines d'Ukraine, n'a d'autre analyse que la folie supposée de Poutine. Alors quand il ne s'agit simplement que de notre start-up nation... Et si les politiques n'étaient pas exempts de responsabilité face à la dépolitisation qu'on reproche volontiers aux Français ?

Ainsi donc, c'est très logiquement que la première chaîne de télévision française donnera à la soirée électorale de dimanche l'importance qu'elle semble mériter. Et c'est Jacquouille la fripouille qui animera nos écrans.

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