mardi 2 août 2022

Debray, prémonitions et imbéciles...

J'ai souvent eu l'occasion, sur ce blog d'évoquer Régis Debray et ses analyses. Qu'il s'agisse de révolution, de frontières, de laïcité, de médiologie ou de la marche du monde, sa pensée a su avec constance remettre l'église au centre du village, selon l'expression consacrée. Et s'il n'échappe pas toujours à ce narcissisme qui fait les intellectuels contemporains, il a pensé le dernier demi-siècle avec hauteur et perspicacité, quand tant d'autres pataugent dans une vacuité que les écrans ne parviennent plus à masquer. Et, juste pour le plaisir, je rappellerai ce qu'il écrit de l'engagement : "L'intellectuel engagé, un oxymore qui cache au pire un imposteur, au mieux un comédien."

La preuve de sa prééminence : c'est dans une série consacrée par le Figaro aux intellectuels dans la guerre, et relatant parmi d'autres la vie de R. Debray, que j'ai découvert ce qu'il écrivait dans une correspondance : "Quiconque ne comprend pas que l'unification économique et technique de la planète Terre ira de pair avec l'accentuation de ses particularités nationales, quiconque ne saisit pas cette étonnante dialectique, qui est le tissu de notre présent, il est grand temps qu'il passe une fois pour toutes pour un imbécile."

Etait-ce le résultat de sa réflexion ? Celui d'une prémonition intuitive ? Toujours est-il qu'il écrivait cela... en 1969 ! Et on n'aura donc pas la cruauté de compter le nombre d'imbéciles, passés, présents ou à venir, que sa plume talentueuse révèle...

Et, de plus, il avouait à l'époque préférer Brel et Brassens aux Beatles.

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