mercredi 30 août 2023

Au commencement était Goldman...

... et à l'arrivée un livre titré Goldman, commis par l'historien Yvan Jablonka (au Seuil, chez qui il est éditeur). Dont l'idée initiale était, comme tant d'autres avant lui, d'écrire une biographie définitive du chanteur. Las, Goldman, retiré de la scène médiatique depuis vingt ans, refuse de recevoir l'impétrant. Ses amis et connaissances, respectant le retrait du chanteur, font de même. Mais Jablonka n'entend pas en rester là : "Goldman n'est pas quelqu'un qu'on autorise", "c'est une hyperstar, un mythe, une institution nationale". En clair, il est dans le domaine public et un historien n'est pas tenu d'attendre qu'une bio soit autorisée pour l'écrire.

Cela s'argumente. L'ennui, c'est que dès lors l'auteur se rabat sur tout ce qui a déjà été dit ou écrit sur le thème, et faute de mieux se renseigne auprès des fans. On ne trouve donc rien dans son livre qui soit bien riche, ni qui n'est déjà été relaté mille fois.

A part peut-être une personnalisation grotesque : "Comme lui, je viens d'une famille juive immigrée". Ah."Et comme lui j'ai une sensibilité social-democrate". Bigre. Et Goldman, originalité suprême, "a montré le côté vulnérable de sa masculinité", d'homme fragile allié des femmes". Et "il s'est engagé pour la démocratie, après la mort des utopies"... Tant d'esprit critique impressionne.

Bref, on l'aura compris, le livre est une insulte au bon goût et à l'intégrité. Sortir du cadre trop habituel de la biographie autorisée est une chose ; encore faut-il que le travail de l'auteur contienne quelque chose, ou bien alors qu'il porte sur le phénomène Goldman, par exemple, et ne se présente pas comme informatif. Pour le reste, le narcissisme et l'appétit commercial ne justifient pas tout.

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