vendredi 9 octobre 2015

Brassens, brave type...


Ce lundi 5 octobre dernier, France 3 (en prime time, bigre !) proposait un documentaire de D. Varrod et N. Maupied, pauvrement intitulé Brassens est en nous, dont le thème revendiqué était en gros "Brassens est en nous, Brassens et ses 60 millions de disques vendus, Brassens nous accompagne, etc"...
Si le document est excellent (à l'exception de quelques témoignages dont on peut se demander ce qu''ils faisaient là), le pitch me semble plus discutable. Ceux qui, dans les années 60,ne juraient que par lui n'ont pas oublié qu'en ce temps-là aimer Brassens était le lot de quelques inadaptés bizarres, intellos ou gauchistes -les deux allant alors souvent de pair- dont les goûts étaient incompréhensibles pour le consommateur moyen de l'époque : paroles complexes, rythme déroutant, toujours la même musique, etc... que n'avons-nous pas subi comme remarques stupides.
Certes à Paris il en allait sans doute autrement, mais Brassens, rare sur les radios, marginal à la télé (merci Chancel), grand pourfendeur des institutions, aussi peu sociable qu'il était grand en amitié, Brassens n'offrait rien qui puisse faire de lui un jour le tonton consensuel et phagocytable que ce documentaire s'acharne à démontrer.
Bien sûr, plus de 30 ans après sa mort, la nostalgie fait son effet, et le constat de l'évolution culturelle est sans appel. Même si ses succès les plus populaires ne sont évidemment pas ses meilleures oeuvres, chaque audition nouvelle de ses textes -et sans doute de ses musiques, pour ceux qui s'y connaissent un peu- si classiques dans leur facture et si populaires dans leur offre- est un perpétuel éblouissement. Quant aux engagements que certains lui ont reproché de ne pas avoir eu, force est de lui reconnaitre une certaine pré-science...
Alors, même si Brassens a toutes les vocations sauf celle d'être consensuel - il est de la mauvaise herbe, braves gens- surtout aujourd'hui dans ce qu'est devenue notre société, goûtons pleinement, de préférence en égoïstes, ses ouvrages. 
Et puis, c'est bien connu, les morts sont tous de braves types-y-pes...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire