vendredi 2 octobre 2015

Guy Béart, bibelot sur l'étagère

Ainsi, tel l'eau vive, Guy Béart s'en est allé... Cette nouvelle attristera beaucoup de monde, et pourtant je ne suis pas sûr qu'elle marquera vraiment l'actualité.
Guy Béart fut un gentil poète, sympathique et auteur de jolis textes. Cela suffit à en faire un chanteur respectable, face à l'adversité que connurent les auteurs de l'époque quand survint la marée des yé-yé et des marchands de savonnette... Il découvrit d'autres textes remarquables (Bal chez Temporel, par exemple).
Une fois reconnu, Béart demeura un interprète lisse, poète des familles et de la France pompidolienne. Son œuvre est inégale. En ces temps où la chanson engagée faisait rage, il s'essaya à quelques textes plus denses, mais ses engagements ne pouvaient être autre chose que consensuels, et finalement assez creux. Il eut toutefois le courage de créer sa maison de production, avec une réussite irrégulière.
Il perdura grâce à quelques mondanités télévisuelles, affronta la maladie, connut encore quelques convulsions et se retrouva, parfait bibelot, rangé sur les étagères de la chanson française. 
Guy Béart aurait-il pu accéder à un autre statut ? D'une part, il méritait sans doute mieux que ce que le grand public a compris de lui. D'autre part, son époque fut celle des grandes "concurrences", entre mièvreries commerciales, éruption des yé-yé et l'ombre des grands (Brel, Brassens, Ferré) : il occupa son créneau, en bon artisan, et s'en tint là. On ne peut lui nier une certaine exigence, mais à se vouloir "populaire" il se dilua quelque peu.
Vouloir en faire un des trois B, à l'instar de Brel et Brassens, me parait hors de propos : ses textes n'offraient pas la facture de ceux de Brassens, et ses tripes n'étaient pas celles de Brel. Mais bien de ses chansons, y compris parmi les moins connues, attestent d'un talent suscitant... la sympathie. On n'en sort pas.
Alors, il n'en reste pas moins que celui qui s'en va était peut-être le dernier nom d'une certaine chanson française à texte, et on est triste...

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