mardi 19 janvier 2016

En finir avec Eddy Bellechose

Frédéric Beigbeder a peut-être le défaut de se prendre parfois pour son personnage, mais il sait aussi montrer un bel humour vachard. Voir dans le Figaro Magazine de cette semaine son billet sur Edouard Louis ("Le chti chose") où il évoque "le Calimero du Nord", ses névroses, son racket affectif et son exhibitionnisme marketé. Publicité inutile sans doute, mais critique opportune.
Il y avait eu "Pour en finir avec Eddy Bellegueule", il y a à présent "Histoire de la violence" (Le Seuil). Livres mal écrits au dire de ceux qui les ont lu, mais "acte politique autant que littéraire" : ça donne envie... surtout sous la plume d'un bourdieusien convaincu et intransigeant. Entre le pathos homosexuel, la tentation de l'autofiction, l'analyse politique comme masque sur un Oedipe mal résolu et un sectarisme hallucinant, on ne sait trop s'il convient d'en rire ou d'en pleurer. "Sa famille est facho, son village natal est miséreux, sa soeur est analphabète, ses camarades d'école le tabassent et, quand il ramène un Arabe chez lui, celui-ci le vole, le viole et l'étrangle avec son écharpe.", résume Beigbeder.
On sait qu'il y a un marketing littéraire qui cible les libraires et les profs, deux professions déprimées qui se complaisent dans les récits larmoyants et qui sont prescriptrices. Édouard Louis n'est pas assez perfectionniste : son Arabe aurait du être un migrant, sans papier, atteint d'une tumeur et du Sida...
Tout cela s'appelle l'air du temps ; que le Figaro se paye régulièrement Louis, et pas que pour de bonnes raisons, ne surprendra personne. Notons toutefois qu'une bonne partie de la gauche, aussi, critique son côté khmer rose et ses clichés, son intellectualisme pédant et son narcissisme pré-pubère... 
Alors que lui reste-t-il ? Le Monde, l'Obs, 28 minutes... Les journaux et les réseaux de Pierre Bergé, et Arte. Les médias du lobby gay et leur férocité, face auxquels celle du Figaro ressemble à une pâle imprécation de chaisière...
Depuis bien longtemps, on lance des chanteurs comme des savonnettes. Au tour des écrivains. Produits de l'éphémère et de l'insignifiance, instruments misérables qui croient brièvement à leur talent. On en finira bientôt avec Eddy Bellegueule.

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