jeudi 15 juin 2017

Le vin bourru de JC Carrière

Profitant de la pénombre qui sied aux températures estivales de cette mi-juin, il m'arrive de replonger dans ma bibliothèque pour en ressortir un ouvrage laissé là depuis quelques années, voire quelques lustres. C'est ainsi que j'ai retrouvé une merveille lue à sa parution, vers l'an 2000, à savoir "Le vin bourru" (Plon) de Jean-Claude Carrière.
On connait Jean-Claude Carrière, immense auteur polymorphe, scénariste, romancier, metteur en scène, dramaturge, dessinateur, etc... Si vous voulez un aperçu de ses oeuvres, voyez Wikipédia ; pour ma part, je garde en mémoire un extrait d'article de presse (L'Express, je crois, au milieu des années 90), disant en gros que s'il n'est pas rare dans une interview que l'interviewer apparaisse plus intelligent que l'interviewé, la chose est à noter quand l'interviewé s'appelle le Dalaï-Lama... L'interviewer était JC Carrière.
"Le vin bourru" évoque les treize premières années de l'auteur, dans son village de Colombières-sur-Orb (Hérault), avant que la famille n'émigre à Montreuil. Le village est un village de vignerons, mais cette enfance rurale et occitane est la même que la mienne : cela suffirait à expliquer l'émotion que me procure ce livre, qui a pourtant une autre dimension. Beaucoup d'auteurs folkloristes se sont déjà essayés à dépeindre la chose, parfois avec bonheur. Sauf que JC Carrière n'est pas Pagnol, ni un auteur de l'école de Brive, et son regard est empreint d'une réflexion, analytique et philosophique, qui amène la lecture et la pensée à une hauteur qui pourrait clore bien des débats. Quand il évoque la nature, l'apprentissage, l'agriculture, la mort, les animaux, le vin ou la pierre sèche qui bâtissaient son enfance, il offre avec la simplicité, la justesse et la subtilité qui sont les siennes, le coeur battant d'une civilisation paysanne. Certaines idées contemporaines à la mode, sur la nature ou sur les destin des animaux, apparaissent par contraste pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire pas grand-chose.
Peut-être parce qu'entre elles et l'altitude Jean-Claude Carrière il y a ce vécu, ce bagage que n'ont pas tous les voyageurs, et qui s'appelle une culture.

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