mercredi 28 juin 2017

Mélenchon piège à quoi ?

Notre propos n'est point de causer politique, comme dit l'autre, à propos de Jean-Luc Mélenchon. Il arrive à celui-ci d'avoir, à défaut de bonnes solutions, quelques constats voire des analyses dignes d'intérêt. Nous n'évoquerons pas non plus les dernières élections, qui ont montré que le succès du leader de la France Insoumise (le terme insoumis, s'agissant d'un parti largement constitué de fonctionnaires, souvent retraités, à de quoi faire sourire ; surtout quand on voit ces rebelles -ils refusent de porter une cravate- s'aligner comme un seul homme derrière leur apparatchik-Conducator...), que le succès de son leader, donc,  devait beaucoup à la théâtralité du bonhomme. C'est plutôt ce personnage, au sens psychologique du terme, qui peut horripiler.
Le mépris qu'il affiche vis-à-vis des journalistes est une chose : ceux qui doivent tout aux media se plaignent volontiers de l'ostracisme dont ils se disent victimes. Ces mêmes media, peu rancuniers, créditent JLM d'une certaine "culture" ; acceptons-en l'augure, d'autant que dans un pays où le niveau culturel des ministres actuels vaut celui des attachés parlementaires sous Mitterrand, la chose n'est pas trop difficile. En fait, derrière quelques effets oratoires de théâtre, la culture de Mélenchon est celle d'un prof d'histoire soixante-huitard, mais on peut s'en contenter, comme on peut d'ailleurs apprécier parfois son style tonitruant, à l'image de ces pamphlétaires de jadis dont il s'inspire largement, et surtout ceux d'extrême-droite.
Cela étant, la sortie contre Françoise Nyssen, nouvelle ministre de la Culture, incite plus au mépris qu'à l'admiration : celle-ci serait "liée aux sectes", au motif qu'elle a créé (avant d'entrer en politique) une école alternative (privée, horresco referens) et s'inspirant entre autres des principes pédagogiques de l'anthroposophe R. Steiner. JLM y voit une "secte", alors que toutes les enquêtes ont lavé cette accusation. Les hasards de la vie me font fréquenter des anthroposophes, et ni les hommes ni les idées ne me semblent blâmables. Mais notre leader insoumis continue à vouloir imposer LE grand service d'éducation publique et obligatoire, qui a largement montré ses limites et dont personne, excepté quelques salariés de la maison, ne saurait le défendre tel qu'il est. Mais les adeptes du monolithisme, rebelles assermentés, sont d'autant plus motivés qu'ils sont têtus, et prêts à une nouvelle révolution d'octobre qui fabriquera en usine l'homme nouveau.
A ce propos, je me souviens qu'à la mort d'Alexandre Soljenytsine le même Mélenchon, en guise d'oraison funèbre, taxa celui-ci de "griot inepte".
Si l'immense écrivain qui, au-delà de son souffle littéraire, révéla à l'Occident l'existence et le quotidien du goulag était un "griot inepte", je crains que les mots nous manquent lorsqu'il s'agira, sur sa pierre tombale, de qualifier la vie et l’œuvre de Jean-Luc Mélenchon...

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