mardi 13 février 2018

La vérité est dans le vin...pas dans le vaccin !

Dans la famille Buzyn, que vous demandiez Madame (Ministre de la Santé) ou Monsieur (Directeur Général de l'Inserm, cette institution qui, voilà une dizaine d'années, annonçait pouvoir détecter les futurs délinquants dès l'âge de 3 ans) vous êtes sûr de tomber sur un(e) croyant(e) scientifique forcené(e). La culture du doute n'est pas le genre de la maison, et 73 vaccins en convaincront les nourrissons. Mais là n'est pas le propos.
Mme Buzyn proclamait ces jours-ci que "le vin est un alcool comme les autres". Merveilleuse rhétorique scientifique, qui vous fait passer pour un blaireau si vous ne souscrivait pas à la démonstration du premier crétin matérialiste. Elle dénonce l'action des lobbies (ce qui, dans la bouche de quelqu'un qui a quasiment théorisé la double appartenance responsabilités publiques et présence dans les laboratoires privés, ne manque pas de saveur) et entend bien combattre lobbying et aliénation festive...
Je ne sais pas ce qu'est "un alcool comme un autre" ; et je ne connais pas la culture qui accompagne le wisky ou la vodka, par exemple. Mais ramener le vin a un taux d'alcool est soit d'une inculture crasse doublée de mauvaise foi, ce que j'imagine mal, soit d'un fanatisme hygiéniste lourd de sens. Car enfin, si le vin est historiquement, de par ses vertus d'échange et de partage, un excellent "lubrifiant social", selon la formule d'un responsable professionnel, il est aussi partout sur la planète une référence millénaire dans les cultures des régions de production et au delà. Depuis les noces de Cana, c'est toute une symbolique chrétienne et par la suite un art de vivre. "Enivrez-vous de vin, enivrez-vous de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous !" clamait Baudelaire. Philippe Sollers a raison de stigmatiser cette modernité qui entend interdire le constat que le corps éprouve ses sensations différentes selon qu'il boit ou non, voire interdire que le corps ait des sensations tout court. Plaisir personnel et culture sont des choses à proscrire : l'homme nouveau sera rationnel et mécanique, connecté et roseau non pensant.
Il fait rarement bon de parler d'histoire et de culture à un scientifique. Allons comme message à notre ministre laissons la parole à Omar Khayyâm, poète et savant du temps où l'Iran était encore la Perse :
          Je bois, et qui boit a comme moi la raison saine
          Si je bois c'est pour Lui pardonnable fredaine.
          Dieu dès le premier jour savait que je boirai.
          Puis-je, en ne buvant pas, rendre sa science vaine ?

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