jeudi 1 février 2018

Affaire Maurras : ...perseverare diabolicum !

Il y a peu (voir mes billets de janvier) la réédition des pamphlets de Céline passait à la trappe, sous la pression des professionnels de l'antisémitisme et de l'antiracisme. J'ai écrit ce que j'en pensais, et du côté contre-productif de la chose. Comme si une confirmation était nécessaire, voilà qu'une deuxième affaire vient corroborer la précédente. Voilà donc qu'on exclut Charles Maurras du Livre des commémorations 2018, parce qu'il est... Maurras !
Les latinistes se faisant rares, précisons ce que signifie "commémorer" : mentionner, rappeler, évoquer... Et afin d'éviter de futures affaires comme celle de Céline en 2011, on avait alors décidé de renommer le Livre des "célébrations" en Livre des "commémorations"... Las ! les mêmes vestales veillaient au temple d'une certaine posture, bien décidés à éradiquer de l'Histoire cette figure encombrante. Car c'est bien de cela qu'il s'agit : personne (et surtout pas les historiens pilotant ce fameux Livre) n'envisageait évidemment de fêter l'antisémite d'extrême-droite, mais on entendait souligner l'importance et l'influence de cet intellectuel, de la fin du XIXème siècle jusqu'à la deuxième guerre mondiale. De Gaulle disait : "Maurras est devenu fou à force d'avoir raison". Car Maurras ne fut pas que le chantre du nationalisme intégral ; il fut l'un des derniers penseurs de culture classique, félibre de langue d'oc, et de la critique de la Révolution française jusqu'à la place des femmes, en passant par les identités régionales, sa pensée fut féconde et reste actuelle, et pas seulement pour l'ultra-droite. J'y reviendrai peut-être dans un prochain billet.
En attendant, dépassons le pauvre affrontement droite-gauche (ceux qui critiquent la célébration de Che Guevara sont les mêmes qui défendent la présence de Maurras, et inversement...) pour en revenir à l'essentiel : on entend réécrire l'Histoire, ce qui reste un syndrome typique de tous les totalitarismes. Staline découpait les photos pour en effacer ses opposants éliminés ; désormais on empêche par la pression médiatique et culpabilisante d'en prononcer le nom et les oeuvres. Et qu'on le veuille ou non Maurras, même tardivement frappé d'indignité nationale (à juste titre) n'en demeure pas moins un des phares de la pensée de l'époque, et comprendre le présent suppose de ne pas réécrire le passé, y compris dans ses aspects les plus détestables. A ce rythme là, je ne donne pas longtemps à Voltaire pour disparaitre, lui qui fût aussi un peu antisémite et largement exploiteur d'esclaves... Et tant d'autres. Quant à nos élites, si on écarte ceux qui furent, par exemple, jeunes maoïstes, jeunes fascistes, satyres, pédophiles notoires, goujats envers les femmes, évadés fiscaux, alcooliques ou je sais quoi d'autre, gageons que nos commémorations à venir tiendront sur un recto de format A4.
Il se trouve que j'ai commis trois romans autour de la deuxième guerre mondiale, et de ce qui l'a précédé ; ce travail passe par une étude de l'extrême-droite de la première partie du XXème siècle. C'est de ce travail sur l'Histoire (qu'il convient de re-contextualiser) que je me prévaux aujourd'hui pour écrire ces lignes, à propos d'une affaire qui pourrait être secondaire si elle ne me semblait prémonitoire de cette volonté de décider de ce qui peut exister et ce qui n'y a pas droit...
"Ils assassinent les morts !", clamait un poilu dans les Croix de bois. Aujourd'hui, les permanents de l'antiracisme et de l'antisémitisme, dans leur déni, s'acharnent sur des écrivains morts. Il est vrai qu'il n'y a pas de risque d'antisémitisme plus concret...

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