jeudi 15 mars 2018

Jourde, les noirs, le carnaval

Dans la série "Modernités hasardeuses", autrement nommée "Marchons joyeux sur ces admirables pavés qui nous mènent à l'Enfer", ou bien "Ce qu'un peu de culture pourrait éviter", voici ce qu'il advint il y a peu au carnaval de Dunkerque. Au beau milieu de diverses manifestations était programmée une "Nuit des noirs", incitant à se grimer en noirs. On sait que le principe du carnaval, ainsi qu'en atteste toutes les coutumes, vise à brouiller les identités et les classes, sous les masques, et qu'à ce seul titre il est un modèle de transgression et, de la part des "grands", un modèle d'humilité...
Ce principe fondateur semble ignoré du CRAN (Comité représentatif des associations noires) et d'une "Brigade anti-négrophobie" (ça existe) qui, tout à leur business, n'ont pas laissé passé l'occasion de déposer plainte pour racisme, sur fond de "crime contre l'humanité"...
Il est délicat de commenter ce genre d'initiative, d'une part parce que, hélas, le racisme existe et doit être plus que jamais combattu, et d'autre part parce que l'exercice est juridiquement périlleux. Je renverrai donc à un formidable billet de Pierre Jourde sur son blog à Bibliobs (bibliobs.nouvelobs.com) il y a quelques jours (février 2018, "Les noirs contre le carnaval") : "Je rougis de la bêtise des gens dont je partage les idées" clame-t-il avant une brillante démonstration sans complaisance à propos de diverses initiatives de ce type d'association, dont certaines sont plus méprisantes pour les noirs que Tintin au Congo... Notamment quand ils militent pour écarter la culture générale, prétendument discriminante, des concours d'entrée dans la Fonction publique. C'est dommage, un peu de cette culture générale les aurait éclairé sur la signification du carnaval.
La virulence de Jourde à l'égard de sa cible est féroce, et serait risquée pour un autre que lui. On sait qu'il est père de deux enfants métis, et même d'ascendance très cosmopolite, et son cri du coeur est aussi un sursaut pour que ses enfants soient respectés en tant qu'hommes et non en tant que matière première à disposition de quelques professionnels de l'intimidation, aussi bêtes que méchants. Le propos de Jourde redonnera du souffle à ceux qui entendent combattre le racisme par idéal et non par intérêt.

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