lundi 5 mars 2018

Un livre en moins, une victoire en plus...

Continuons, à la suite du billet précédent, dans la série des modernités ambiantes. Ainsi donc, 100 000 pétitionnaires.e.s viennent d'avoir la peau d'un livre qui ne leur plaisait pas. Les éditions toulousaines Milan avaient publié, dans une de leurs collections "Les pipelettes", un fascicule "On a chopé la puberté", autour de quatre personnages de BD sensé.e.s représenter quatre gamines aux prises avec la puberté. Le livre, dont le seul titre illustre le ton, entendait dans un style décalé et humoristique dédramatiser cet instant de la vie.
Que croyez-vous qu'il arriva ? En trois jours, plus de 100 000 signataire.e.s, nous dit-on, ont fait céder Milan, reprochant le sexisme des propos. "Ta poitrine ressort davantage si tu te tiens droite", et quelques autres aphorismes du même tonneau où le second degré fait plus qu'affleurer, signifiaient pour les harpie.e.s internautes "être à disposition sexuelle" ! Personnellement, et même si je ne corresponds pas vraiment aux critères du public visé, j'ai eu davantage l'impression d'une rigolade de cour de récré que d'un ouvrage d'enseignement ou de maintien...
Peut-être pourrait-on faire confiance à nos enfant.e.s, qui ne sont pas idiot.e.s, et parler de la puberté sans adopter des postures de pintade. Certes, il faudrait de la part des parent.e.s, et des mères en particulier, un minimum de maturité, et cela tend à se perdre. Par ailleurs, l'humour et le style du bouquin ne le prédisposaient pas à la postérité, et on sait que le second degré est très risqué dans notre moderne époque. Mais le plus grave est bien que, au nom de grands principes et de droits souverains fantasmés, quelques dizaines de milliers d'imbécile.e.s, faute d'identité affirmée et d'arguments pour débattre, ont sauté sur l'occasion de pilonner un livre.

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