mercredi 5 septembre 2018

Besson, proconsul

Ainsi donc Emmanuel Macron vient-il de nommer consul au prestigieux Consulat de France à Los Angeles le susnommé écrivain Philippe Besson, provoquant à la fois une levée de boucliers, un éclat de rire quasi-général et un écroulement des dernières illusions de ceux qui rêvaient encore d'un nouveau mode de comportement de nos monarques contemporains.
Argument classique de défense, très recevable au demeurant, l'intérêt de sortir des profils classiques de la haute fonction publique et diplomatique. Certes, mais encore faut-il, avant de pourvoir un poste (et l'ancien DRH Besson doit bien le savoir) un minimum de compétences identifiées : personne ne s'est hasardé à essayer de trouver une once de compétence diplomatique à Philippe Besson. 
Par contre, celui-ci excelle dans l'art de "lèche-majesté", comme il est écrit dans un très bon papier de D. Caviglioli dans Bibliobs. Son œuvre la plus récente tient dans "Un personnage de roman", paru il y a quelques mois et consacré, le hasard faisant bien les choses !, à son Altesse Sérénissime Emmanuel Macron, qualifié au fil des pages (je n'invente rien) de "beau et ambitieux", d'"intelligence supérieure" dotée d'un "naturel ardent, indépendant et rêveur, qui brave l'autorité du père, devient guerrier et lutte contre l'ordre ancien", etc... Franche rigolade à la sortie du bouquin, mais grosses ventes.
A défaut de compétence, du moins en ce domaine, Besson a donc la récompense pour son zèle et sa flatterie. Il a certes oublié de rappeler que Macron guérit aussi les écrouelles, mais il en avait fait assez pour recevoir une (belle) médaille qui, nous assure sans rire le Président, "ne doit rien au copinage", ni avec lui ni avec sa femme. 
La flagornerie fera toujours recette, et l'hagiographie évoquée plus haut n'est pas la première à trouver salaire. Peut-être EM a-t-il voulu aussi faire un signe à une communauté très active. Mais rarement le cynisme, le fait du prince, la fayoterie ou le foutage de gueule, ou le tout réunis, n'ont été aussi grotesques. Et, le ridicule ne tuant plus depuis longtemps, il s'est trouvé des thuriféraires pour évoquer le précédent, déjà à ce consulat de Los Angeles, de la nomination de Romain Gary au même poste. Comparer Gary et Besson, là aussi il fallait oser... Audiard avait une phrase à ce sujet.

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