samedi 12 janvier 2019

Rambaud le Magnifique

Parvenu à la grande notoriété avec le Goncourt 1997 pour La Bataille (Grasset), le graphomane Patrick Rambaud, académicien Goncourt depuis 2008, est resté au premier plan avec notamment ses Chroniques annuelles sur les présidents de la République, depuis Chronique du règne de Nicolas 1er en 2008 aussi. Nous en sommes aujourd'hui à Emmanuel le Magnifique (Grasset).
Pour qui aime la littérature (il en reste) et la politique (encore quelques uns), le travail de Patrick Rambaud est un régal. Car il connait bien la politique, son monde, ses a-côtés et ses hors-micro, et sous  l'humour sa posture critique et cultivée est celle du collaborateur du Canard Enchainé qu'il est. Son regard est incisif et mesuré, il ne prétend jamais à l'objectivité, au contraire, mais à l'honnêteté. Vis-à-vis de Macron il  en est de même : sa plume est souvent féroce vis-à-vis du Manager maximo, mais en même temps non dénuée de tendresse pour un personnage, au sens théâtral du terme, qui est lui-même cynique mais aussi parfois trop cultivé pour ne pas être maladroit sinon naïf, et trop seul pour ne pas être vulnérable. Rambaud y voit un effet de l'éducation chez les Jésuites...
Patrick Rambaud n'a pas la réputation d'être consensuel ni mondain, ce qui ne veut pas dire qu'il ne soit pas sympathique. Il n'est pas toujours tendre avec les choix du Jury auquel il appartient, qui selon lui privilégie des options "grand public", ni flatteur envers ses collègues : voir dans l'Obs du 3 janvier comment il exécute l'enflure Eric-Emmanuel Schmidt.
Reconnaissons à Rambaud, en sus de son talent littéraire, d'avoir entretenu une certaine intégrité, chose de plus en plus difficile et donc rare. Dans ses attitudes comme dans ses divers écrits, il est un homme honnête.

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