lundi 28 janvier 2019

Régis Debray et la frontière

Les hasards (un peu relatifs quand même) d'un travail littéraire m'ont amené à relire le petit Eloge des frontières de Régis Debray, publié en 2010 chez Gallimard, qui est une petite merveille de réflexion, de rhétorique et de littérature.
Ce livre d'une centaine de pages reprend le texte d'une conférence donnée à Tokyo, dans lequel le philo-médiologue aborde la question des frontières ou plutôt, fondamentalement, de la frontière. Non pas au sens douanier du terme, ni même au sens politique, mais en tant que limite et démarcation. Il fustige la commode "lâcheté" à la mode qui voudrait que l'humanité vivrait mieux sans frontières, et il démonte la vanité et la vacuité du village global fantasmé, fait d'errance et de transparence. "La frontière survit à sa métamorphose", nouvelles et anciennes frontières se créent ou se recréent, "Le trait culturel ne fait pas de bruit mais traverse le temps", le constat de Régis Debray est implacable.
Bien au delà de la "manie colonisatrice" qui transforme les frontières en affrontement potentiel, l'auteur plaide pour une idée de frontière ou limite qui permet à chacun de vivre libre sur son territoire, avec ses moeurs et sa culture. "Pour se dépasser mieux vaut commencer par s'assumer". Plutôt que de risquer un retour du refoulé, encensons la richesse et la diversité des cultures, au lieu de vouloir systématiquement les mélanger...

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