samedi 21 décembre 2019

Vacillantes Lumières

Evoquer les Lumières équivaudra bientôt, sans doute, à faire référence à ces animations électriques d'hiver, souvent très seyantes mais terriblement technologiques. Quant aux vraies Lumières, ce phénomène européen des XVIIème et XVIIIème siècles qui visait à la libération et à l'esprit critique, tout le monde s'accorde à dire qu'elles sont de plus en plus mal en point, secouées par les dogmes de toute nature que des minorités contemporaines décidées entendent imposer à tous.
Pourtant, on peut aussi s'inquiéter des errements d'un certain rationalisme forcené qui semble le dernier rempart de certitudes agonisantes et surtout tout aussi dogmatiques. On a connu récemment les offensives, aussi agressives que simplistes, menées contre l'homéopathie (déremboursement en attendant l'exclusion des facultés), la psychanalyse (voir mon billet du 31 octobre), les médecines alternatives (grosse opération récente de la DGCCRF), etc... Avec toujours ce reproche "d'allégations thérapeutiques non justifiées" et le sempiternel "manque de preuves scientifiques".
Sans être dupe des enjeux corporatistes sous-jacents, ces offensives apparaissent de plus en plus structurées et organisées sous la vertu du Rationalisme, pour qui, selon Wikipédia, "le réel ne serait reconnaissable qu'en vertu d'une explication". En latin de cuisine, cela signifie que ce qui n'est pas explicable scientifiquement n'existe pas : je me souviens de la guerre menée jadis contre l'acupuncture, affaire de charlatans, jusqu'à ce que l'Académie de Médecine se fende d'un piteux "On ne sait pas comment ça marche, mais ça marche...". Gageons que le futur nous réserve d'autres retournements de ce genre.
A une condition, que la Raison qui fait les Lumières ne meurent pas étouffée par ses enfants devenus fous. La psychanalyse, par exemple, et on le lui a assez reproché, a été un des fers de lance des avancées de la Raison, en démontant bien des dogmatismes, humains, religieux ou politiques... Les stupidités énoncées ces temps-ci par ses contempteurs au nom de la science sont proprement consternants de mauvaise foi (celle du rationalisme) ou d'inculture.
Je sais bien que ce rationalisme là est post-moderne, dévoyé, forcené, totalitariste... et qu'il convient plus que jamais de ne pas faire d'amalgame avec la Raison émancipatrice des Lumières. Mais voir un courant de pensée, long de trois siècles et demi, dériver au nom de cette pensée vers les mêmes pratiques qu'il dénonçait à ses débuts laisse mal augurer de l'avenir. On peut se demander si ces vacillantes Lumières, déjà en veilleuse, éclaireront encore bien longtemps...

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