vendredi 10 janvier 2020

Matzneff, la voile et la vapeur

Je n'évoquerais pas pour l'heure le fonds de l'actualité Matzneff : j'aurais l'occasion de revenir, dans un prochain billet, sur cette désolante affaire, lamentable quel que soit l'angle sous lequel on l'aborde. Mais en attendant je trouve particulièrement amusante la quasi-unanimité des commentateurs de "droite", plus ou moins à la mode, vouant Matzneff aux gémonies comme le symbole d'une-intelligentsia-soixante-huitarde-de-gauche-germanopratine-amorale-et-débauchée, dont les moeurs auraient régné à l'époque sur la France entière...
L'argument est peut-être facile, il est surtout stupide : Gabriel Matzneff le gauchiste pédophile désigné a publié la grande majorité de ses oeuvres, carnets intimes compris, aux Editions de la Table ronde, vieille maison emblématique de la droite, longtemps portée par les Hussards avant d'être longtemps dirigée par Denis Tillinac, le crypto-gaucho bien connu.
D'autres titres ont été publiés aux Editions du Rocher ou chez Léo Scheer (actuel éditeur de Richard Millet), deux maisons elles aussi marquées à droite. Quant aux essais de Matzneff, il sont difficiles à rattacher, me semble-t-il, à la pensée de gauche... Il est aussi plaisant d'entendre le proscrit illustrer (et expliquer) cette époque des années 70 et 80 en évoquant, parmi ses amis, un certain Renaud Camus. D'autre part, la longue amitié entre GM et Jean-Marie Le Pen est notoirement connue.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Matzneff n'a pas nagé que dans des marigots de gauche ! Cela ne change d'ailleurs rien au fonds du problème, mais il serait honnête d'éviter certaines tartufferies partisanes : les responsabilités les plus coupables sont souvent les plus partagées.

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