mardi 1 septembre 2020

Fin du Débat.

C'était en 1979. Alors que s'annonçait la fin de la guerre froide, que sur la scène mondiale apparaissaient Reagan, Jean-Paul II, Thatcher ou Khomeini, Pierre Nora et Marcel Gauchet créaient Le Débat. Le but de la revue, portée par Gallimard, visait à perpétuer une tradition française du débat, autre que réduit à la démesure universitaire ou à la réduction médiatique. Claude Lévi-Strauss, Mona Ozouf, Milan Kundera et bien d'autres alimentèrent les échanges.

40 ans ont passé, et le rideau vient de tomber : on jette l'éponge. Le problème parait-il n'est pas tant financier (on aimerait quand même avoir l'avis de Gallimard à ce sujet) que fondamental : il n'y a guère plus de public pour une telle ambition, et notre époque sans pitié est aussi sans perspectives ni aspirations. Désormais la valeur de l'argument dépend surtout de la force de l'éructation d'un bateleur d'estrade, aux oreilles bouchées et à la langue bien pendue. "Les élites dirigeantes sont devenues incultes", assène Gauchet. Certes. Mais hélas le problème me parait bien plus large, quand s'imposent de toutes parts la démagogie et la reductio at hitlerum...

On peut penser ce que l'on veut de la revue, du débat, de l'entresoi ou du consensus. Mais la fin du Débat, avec ou sans majuscule, n'illustre et n'augure rien de bon.

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