vendredi 11 septembre 2020

Verlaine et Rimbaud, Panthéon décousu...

La blague du moment : une pétition circule, sous la haute bienveillance de Mme Bachelot, pour que le Panthéon, cette cathédrale aujourd'hui laïque dédiée aux grands hommes de Bien, acceuille ensemble les cendres de Rimbaud et de Verlaine.

Certains esprits, probablement mesquins, objectent que la fonction d'un poète n'est pas de s'inscrire dans cette démarche ni dans une morale institutionnelle, et qu'on voit mal, selon les critères d'admission en ce saint lieu, de quoi les poètes pourraient se prévaloir pour entrer là.

D'autres esprits, probablement réacs en plus d'être mesquins, font remarquer que ces deux impétrants, quel que soit leur incontestable génie de poète, furent des parangons d'immoralité polymorphe et que leur entrée seraient une vaste rigolade, y compris aux yeux des intéressés.

Mais ces évidences sont balayées par les pétitionnaires, pour qui l'enjeu est que Verlaine et Rimbaud entrent "ensemble" au Panthéon, c'est-à-dire en tant qu'amants, et ce pour avoir durant les quelques mois de leur tumultueuse liaison enduré l'homophobie, la discrimination et toussa...

Bref, on en est rendu là : deux des plus grands noms de l'Histoire de la poésie française seraient reconnus en tant que... LGBT. Outre le fait qu'on ne trouve de leur part aucune trace de plainte relative à leur sexualité, cette canonisation laïque aurait bien fait rire les amants terribles ; mais leur intrumentalisation en ce début de siècle finissant, avec l'onction de la bénédiction ministérielle, tient plus de l'insulte que de la reconnaissance.

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