mercredi 20 octobre 2021

Rentrées moroses

Peut-être la morosité se banalise-t-elle, depuis plus de dix-huit mois que le pays vit au jour le jour, peut-être que la rentrée est toujours, presque par définition et depuis l'enfance, plutôt maussade, mais l'an deux mille vingt et un est particulièrement pesant. Pourtant la vie continue, et il faut continuer à com-mu-ni-quer.

La rentrée littéraire est-elle d'une platitude rare ? Mais non, on nous inonde de commentaires sur la "résilience" de la lecture et des librairies, revenues de l'enfer, à coûts de pourcentages inattaquables : méfions-nous des pourcentages, ces outils pour communicants dont on ne retient que le leurre agité alors qu'on ignore la construction qui le définit. Bref tout irait bien, si ce n'était ces innombrables témoignages qui me viennent du monde réel et qui démentent les affirmations officielles.

Le secteur culturel, considéré plus largement, est au bord de l'effondrement, où des pans entiers menacent de s'écrouler. Même la ministre de tutelle reconnait "une rentrée en demi-teinte" ; les festivals qui perdurent n'ont aucune visibilité ; les cinémas affichent une baisse de fréquentation de 25 % ; le théâtre, très émietté, est plus difficile à appréhender mais va encore plus mal.

A défaut de déni pur et simple, on évoque des raisons de circonstances : les gens ont peur d'être contaminés, le télétravail freine la mobilité, et bien sûr, concernant le théâtre, le harcèlement et les violences sexistes qui ont secoué ce petit monde sont dévastateurs. Sans oublier Bertrand Cantat. De l'hygiène et tout ira mieux

Certes, en y regardant de plus près, les fortunes sont diverses, et la mutation qui s'observe aurait été plus longue à s'opérer si la crise "sanitaire" (terme un peu restrictif, non ?) n'était passée par là. Mais il faudra désormais, nous dit-on rue de Valois, "réinterroger nos pratiques culturelles"...

Bref, on aura compris qu'en réalité, derrière le rideau de fumée destiné à apaiser, l'Apocalypse de la Pensée approche à grands pas.

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