lundi 13 mars 2023

Poètes aux ordres ?

C'est le mois de mars, c'est le Printemps des poètes, c'est la 25ème édition. Et l'on continue à dérouler l'alphabet pour trouver le thème de chaque édition. Nous en sommes cette année à la lettre F. Comme Frontières. Pourquoi pas, c'est dans l'air du temps.

C'est la comédienne Amira Casar qui en sera la marraine, parce qu'elle a un héritage multi-frontalier, "et qu'elle n'a que faire des frontières", claironne la directrice artistique du Printemps. Encore une fois pourquoi pas, d'autant qu'on imagine mal un parrain s'agrippant à une frontière. Il n'empêche : ça ne déborde pas d'originalité et la manifestation n'a pas encore commencé que l'injonction politique fait son oeuvre.

S'agissant de frontières, on rappellera ici l'excellent ouvrage de Régis Debray, chroniqué en son temps sur ce blog. Cet Eloge des frontières démontrait brillamment l'intérêt de ces limites, qui autorisent l'identité et l'enracinement, et surtout la liberté. Mais même sans débattre des frontières (on pourrait penser que la seule poésie ouvrait unh champ suffisant) on regrettera qu'on s'en tienne à la seule notion douanière de celles-ci, avec un  totem "bon migrant-méchante frontière" digne d'une cour de récré. Mais il ne saurait apparemment y avoir dans nos époques si modernes une manifestation qui ne soit idéologiquement formatée. Certaines idées doivent être bien malades, que l'on veuille les imposer comme non discutables...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire