vendredi 13 décembre 2024

Amnesty sélective ou Amnésie internationale ?

 Est-il encore possible dans ce pays de dire sereinement qu'un écrivain n'a rien à faire en prison du fait de ses écrits, sans se faire aussitôt taxer de complice dudit écrivain ? Je parle, on l'aura compris, de l'affaire Boualem Sansal, où l'indignation et les atermoiements sont toujours aussi sélectifs. Peux t-on revendiquer que l'instrumentalisation de l'écrivain par la droite ou l'extrême-droite, qu'elle soit ou non assumée par l'intéressé, ne fait pas pour autant de ses défenseurs face à la justice d'Etat algérienne des fascistes invétérés ?  En arriver là en dit long sur la déliquescence intellectuelle de notre temps.

Et pendant ce temps Amnesty International, qu'on a connu mieux inspirée, manie la litote. Les statues de la famille Assad en Syrie n'étaient pas encore tombées que l'ONG proclamait avec une réactivité des plus optimistes que "le peuple syrien a enfin une possibilité de vivre sans crainte et de voir ses droits respectés". Par contre, pour justifier sa tardive réaction face à l'incarcération et à la privation d'avocat français de Sansal (au même titre que ses consœurs Human Right Watch ou Open Society) et ses tergiversations sur le fonds, elle affirme vouloir "vérifier de manière indépendante les informations", alors même que celles-ci sont confirmées de manière officielle par l'Algérie...

Et oui, même Amnesty en est là. On l'avait connu plus respectable du temps de Soljenitsyne et de tant d'autres, quand on ne marchandait pas un soutien en fonction des opinions supposées de la victime.

On pourra lire un article intéressant à ce sujet sur le Canard Enchainé de cette semaine.

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