Un grand débat anime actuellement le sud du pays et en particulier le Languedoc et les Pyrénées. Pour complaire à un classement de l'Unesco, ce qu'on appelait les châteaux cathares devraient être rebaptisés forteresses royales. Mais l'enjeu dépasse le nom.
Certes, les bâtisses que l'on peut voir et visiter n'ont rien de cathare, attendu qu'elles datent du XVIème siècle, et qu'elles ont été construites par les rois de France pour se garder des Espagnols. Il n'en demeure pas moins que ces sites sont des sites cathares (XIIème et XIIIème siècles) marqués par la répression qui mit fin à "l'hérésie"... et à l'autonomie des états des comtes de Toulouse. On peut donc avoir deux lectures : celle de l'histoire cathare, capitale pour l'histoire de ces régions, et celle des bâtisses érigées trois siècles plus tard, dont l'intérêt n'est pas flagrant, autrement que sur le plan spectaculaire. Y aurait-il eu d'ailleurs des forteresses s'il n'y avait eu auparavant des châteaux cathares ? peu probable...
Donc sur ces lieux s'affrontent l'esprit (l'histoire cathare qui fait la richesse des sites) et la lettre (les constructions du XVIème siècle). J'ai personnellement toujours plaidé en faveur du premier, qui illustre bien plus que la seconde. Après tout, nombre de nos bâtiments historiques qui font la fierté de la France ont été moultes fois reconstruits, le Louvre par exemple, sans qu'on n'en modifie ni le nom ni le symbole. De la même façon, lorsqu'on restaure un tableau on ne substitue pas le nom du restaurateur à celui du peintre. Et il est généralement convenu que celui qui regarde le doigt quand on montre la lune n'est pas un aigle de la pensée.
Si ce n'est pas l'esprit et la lettre qui s'affrontent peut-être est-ce la culture et l'administratif ? Mais certains voient plus profond, ainsi les propos d'un "spécialiste" qui plaide en faveur de l'appellation forteresse au nom de raisons "scientifiques"... L'expérience montre que quand on utilise ce mot pour clore définitivement un débat c'est que les arguments font défaut.
Bref chacun se fera sa propre idée, sachant que l'Unesco commande. Pour ma part je choisis la culture et l'esprit, et la fidélité à l'histoire qui est la nôtre.
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