lundi 11 avril 2011

Indignez-vous, qu'il disait !

Lorsque mon parcours politique croisa, il y a près d'un quart de siècle, celui de Stéphane Hessel (qui présidait les Clubs Convaincre) l'homme était moins connu du grand public mais faisait déjà autorité morale.
L'ouvrage qu'il a signé en 2010, "Indignez-vous !"(Indigène éditions, 32 pages, 3 E) a rencontré le succès que l'on sait. Et là sans doute est sa faiblesse : si tous les lecteurs de Hessel étaient capables d'une vraie réaction, bien des scandales de notre société seraient gommés depuis longtemps. Son succès illustre bien, me semble t-il, ce narcissisme contemporain de cour de récréation (ou de page d'accueil de FAI), où la moindre émotion ressentie vaut engagement, où la moindre personnalisation est un certificat de rebellitude. Donnez aux gens un embryon de substrat idéologique, et l'émotion suscitée leur fera consommer jusqu'à l'emballage. Et on sera alors surpris qu'il n'en reste rien...
Car enfin si l'indignation faisait une conscience citoyenne, la France, célèbre pays de râleurs, devrait être au delà de la perfection ! A moins qu'il ne faille davantage qu'une émotion épidermique et immature pour faire reculer certaines hontes de ce temps... Et l'indignation, sentiment de toute évidence le mieux partagé du monde, ne serait-elle pas antinomique de résistance, par définition état minoritaire ?
"Engagez-vous !", signe t-il à présent... C'est déjà mieux. On s'éloigne des flatteries pré-pubères, cap sur l'âge adulte.

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