samedi 7 novembre 2020

Non essentiel ?

On dit que la France manque de situations fédératrices, et c'est vrai : on ne peut pas gagner la coupe du monde de foot tous les ans. Il est pourtant actuellement un thème qui rassemble dans un grand élan beaucoup de nos compatriotes : l'ouverture des librairies.
On comprend la mobilisation générale des professionnels de la profession : libraires, éditeurs, écrivains, etc... Mais on ne savait pas que ce pays comptait autant de lecteurs forcenés ; les pétitions charrient des centaines de milliers de signatures. On oublie au passage que même si les libraires ont l'habitude de se tirer des rafales dans le pied (voir leur choix de ne pas être "essentiels" lors du premier confinement), bien des moyens existent encore d'acheter des livres dans une librairie indépendante, ne serait-ce qu'en "cliqué-retiré"... Mais il est de bon ton de flinguer Amazon et même les grandes surfaces, jusqu'à ce que celles-ci soient mises au pas et rebondissent en communicant sur leur soutien aux petits commerces.
Ces tartufferies oubliées, je repense à une autre époque : mon dernier ouvrage paru, Les Saints des derniers jours, (L'Harmattan) ainsi que Mona Lisa ou la clé des champs (L'Harmattan) traitaient de la vie culturelle sous l'occupation. Et c'est précisément pendant cette période que la création et la "consommation" ont été d'une vigueur exceptionnelle, tant dans le cinéma (malgré la main-mise de la Continental allemande) que dans la littérature. Après une réorganisation brutale de l'édition, la fermetures des librairies et le couvre-feu, une véritable boulimie s'était emparée des français : peu de nouveautés (crise du papier), marché noir et forte demande, et les prix des livres s'envolaient. Même les oeuvres clandestines trouvaient leur lectorat. Le contexte justifiait le besoin.
Le monde a changé, les media aussi, sans compter l'actualité. Mais est-on sûr que nous ne vivons pas quelque chose de même nature ? Et que les livres ne sont pas plus essentiels qu'on ne le décrète dans la start-up nation ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire