vendredi 27 novembre 2020

Une France essentielle

On sait que les situations de crise révèlent des angles de lecture nouveaux ; ainsi connaissait-on une France râleuse, syndiquée, fonctionnarisée ou non, bref une France manifestante et revendicatrice capable de bloquer le pays des mois durant pour obtenir une clopinette. Mais voilà que le confinement en révèle une autre, déroutante, qui elle ne réclame ni subvention, ni pognon ni même compassion : elle veut simplement pouvoir travailler !

Et cette France là, entrepreneuriale et peu grégaire mais vivante, n'est pas un avatar hérité de l'époque poujadiste. On y compte certes les commerçants, les restaurateurs, les mastroquets, les salles de sport, les stations de ski. Mais on y trouve aussi , par exemple, le "monde de la culture", créateurs, acteurs, organisateurs, techniciens, intermittents, cinémas, musées... qui ne demandent que le droit au travail.

Le confinement illustre jusqu'à l'absurde le travers français : les gouvernants et l'Etat, habitués aux réclamations adressées à l'Etat-providence, répondent comme d'ordinaire, font des stats et cochent des cases (car gouverner c'est choisir) et pondent des mesures technocratiques et administratives comme eux seuls savent en inventer. Et à fortiori quand les certitudes scientifiques (oxymore) font défaut.

D'où aujourd'hui cette stratégie consternante qui consiste à vouloir sauver le pays en l'empêchant de travailler. Car le "quoi qu'il en coûte" ne fera pas illusion bien longtemps, et les aides déversées risquent d'être des monnaies de singe.

J'évoquai dans mon dernier billet (L'empire des essentiels) ce qu'une modernité foireuse définissait comme "essentiel" et qui plombe tous nos éléments de civilisation, et les choix de société que ces choix illustrent. Dans la même logique, nos élites pavloviennes balancent des pseudo-aides mais empêchent le travail et la création, c'est-à-dire la vie vivante.

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