jeudi 13 mai 2021

Précarités

On sait que les années de "crise", comme par exemple celle que nous vivons, comptent pour dix. Ainsi verra-t-on en deux ou trois ans (hypothèse) de Covid les mêmes mutations qu'en vingt ans d'années dites normales. Et les effets sur "la culture" s'annoncent sanglants.

Bien sûr, ce secteur n'en aura pas l'exclusivité ; combien restera-t-il de bars ou de restaurants, voire de commerce indépendants ? on n'ose y penser. Bien sûr, les mutations seront sans doute à la fois comportementales et technologiques : ainsi verra-t-on sur les écrans des prestations numérisées de concerts, d'opéras, de festivals... et s'y habituera-t-on. Mais des changements historiques vont bouleverser ce qui a caractérisé le dernier demi-siècle. Pour le meilleur ou plus souvent pour le pire.

Peut-être constaterons-nous un ralentissement, faute de crédits publics, de ces activités juste narcissiques, de ces "créations" qui parlent aux seuls professionnels de la profession, et qui ont généré tant d'artistes (?) autoproclamés. Peut-être faudra-t-il à nouveau acquérir un minimum de légitimité pour pouvoir être reconnu... Il n'en reste pas moins que de nombreux artistes, comédiens, techniciens, auteurs vont voir s'éteindre leurs perspectives.

Certes cette situation n'a rien de neuf, et dans l'histoire le propre des artistes a souvent été de galérer. A commencer par les plus grands, quand le biberon d'Etat n'existait pas. Il n'empêche qu'aujourd'hui ce qui fait le sel de ces activités culturelles, que les français plébiscitent quand ils en sont privés, a besoin de ces mains, grandes ou petites, qui oeuvrent souvent dans la modestie. Certes il existe des régimes de protection sociale plus ou moins  adaptés, comme celui des intermittents, mais aussi beaucoup de CDD. Beaucoup travaillaient régulièrement, mais qu'en sera-t-il lorsque les mesures "Quoi qu'il en coûte" se tariront ?

Si l'on ajoute à cela la réforme des droits Assedic qui va particulièrement frapper cette population, on peut craindre un carnage social, qui illustrera bien l'évolution de notre époque. Quand certains artistes dit contemporains brassent des milliards, d'autres qui font la culture vivante vont sombrer dans la misère. Ainsi va le monde.

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