dimanche 16 mai 2021

Modernité des langues régionales

Avec l'adoption récente par l'Assemblée nationale de la loi Molac sur la protection patrimoniale des langues régionales et leur promotion, on pouvait croire que la France allait enfin reconnaitre sa vieille diversité culturelle, à l'instar de bien de ses pays voisins. Jusqu'à ce qu'un contingent de députés, majoritairement LREM et LR, ne saisisse le Conseil constitutionnel. Comme d'habitude, pourrait-on dire. Avec toujours les mêmes arguments sur la protection de la République, une et indivisible, ou le péril communautariste, arguments frelatés où l'inculture le dispute à la mauvaise foi.

Car enfin cette loi est surtout une modernisation des diverses lois existantes ; la loi Deixonne de 1951 définissait déjà ces langues régionales comme des langues parlées sur le territoire national depuis plus longtemps que le français, devenu langue commune. Ce qui exclut donc les "langues minoritaires", comme l'arabe, le turc ou d'autres, qui font si peur à certains.

Les langues régionales, depuis une loi de 2008, sont reconnues comme patrimoine de la France : leur promotion relève de l'entretien de ce patrimoine. Rien ne sera imposé aux élèves ou aux parents, et l'enseignement par immersion demeure facultatif : il y aura simplement une pression sur les établissements publics pour proposer des cours de langue régionale, comme cela existe depuis 50 ans dans les conventions entre établissements privés et Education nationale.

 La loi Molac complète les dispositifs existants et intègre les langues régionales dans la définition du patrimoine immatériel, en même temps que le français par la même occasion. Cette complémentarité entre le français "langue commune" et la diversité des langues régionales a le mérite de redorer le blason de toutes les langues de l'hexagone, à une époque où toutes sont malmenées, le français en premier : loin d'être une menace de fabrique identitaire, elle permettra à la société française de se réconcilier avec la multiplicité de ses racines tout en gardant le fançais en commun. Ne nous y trompons pas : ceux qui aiment les langues régionales sont aussi des amoureux de la langue française.

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