vendredi 3 mai 2019

Renaissance (pour les nuls)

L'actualité dans ce pays est à la Renaissance : le fantasme de nouveau monde parvenu au pouvoir en 2017, la récente lettre aux Français intitulée Renaissance, la commémoration de Léonard de Vinci, ... et le nom de la liste macronnienne aux élections européennes.
On sait que ce terme est riche, pour les pubards : renaissance, essence, sens... et l'idée même de ce qu'il évoque est sympathique. Le seul problème est que les acteurs ne sont pas à la hauteur de la pièce, et c'est ainsi qu'on définit cette période par rapport à celle qui l'a prétendument précédée. Et Madame Loiseau, qui une fois de plus vole assez bas, n'a pas échappé aux clichés en expliquant le nom de sa liste par l'habituel concept d'une nouvelle et brillante civilisation succédant à l'obscurantisme du Moyen-Age.
Nous y voilà. Depuis le début des Lumières, on nous rabat les oreilles au nom qu'il y aurait eu dans l'Histoire deux périodes éclairées : l'Antiquité puis la Renaissance, qui a ouvert l'ère merveilleuse dans laquelle nous vivons encore. Entre l'Antiquité et la Renaissance, un Moyen-Age obscur, sale, grossier et barbare, fait d'inquisition, d'autodafés et de terreur diverses. Certes ce moment de l'Histoire ne fut pas un long siècle tranquille, mais je ne sache point qu'il ait eu l'exclusivité de la répression des idées ou du terrorisme religieux. Et la violence n'a pas disparu depuis, même si ses formes ont pu varier. Sur le plan de la science, il fut quand même le temps des moulins, de l'horlogerie, de l'imprimerie, de la cartographie, des bains publics (tradition qui se perdra sous la Renaissance et ses parfums), etc... Ces siècles furent aussi ceux d'Averroes ou d'Avicenne, ceux des châteaux et des cathédrales : il faut un certain degré de mauvaise foi ou d'inculture pour prétendre que l'architecture du Moyen-Age était "obscurantiste".
Donc Madame Loiseau se révèle ici un peu fainéante. Peut-être est-il difficile pour une juppéo-macronienne contemporaine de comprendre une époque inscrite dans le temps long et portée par un élan spirituel, quand notre temps se réduit aux errements du CAC 40 et aux aboiements de rond-points. Et la communication politique ne pousse pas à la subtilité. Cela dit, on peut avoir assez de noblesse personnelle pour éviter la médiocrité.

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