mardi 31 octobre 2023

Villers-Cotterêts, ombres et lumière...

 C'était en 2017 : Emmannuel Macron, "enfant de Picardie" en campagne électorale, avait annoncé vouloir faire à Villers-Cotterêts une Cité internationale de la langue française. Six ans et 211 millions d'euros plus tard, le Président de la République a inauguré ladite Cité. Sans présager de ses résultats futurs, on ne pourra que se réjouir d'un outil au service de la langue française dont tout le monde, à l'exception de quelques "linguistes atterrés" experts dans l'art du déni, constate qu'elle souffre de plus en plus. Et le choix de Villers-Cotterêts peut se comprendre.

Il n'en demeure pas moins que ce nom résonne sinistrement dans bien des provinces de l'hexagone. Car l'Edit qui y fut signé le 6 septembre de l'an 1539 - c'est le plus ancien texte normatif en vigueur - est celui qui, à la suite des ordonnances de Moulins (1490) et de Louis XII (1510), a amorcé la mise au ban des langues régionales au bénéfice du français, la langue des élites du nord de la France.

Soyons justes : c'était surtout le latin qui était la cible de l'Edit, pour l'éradiquer des documents administratifs et rédiger ceux-ci "en langage maternel ou français", ce qui laissait encore leur place aux langages locaux ; ainsi à Toulouse le latin céda à l'occitan. Il n'empêche que cette mesure, annoncée comme clarificatrice, visait aussi à affermir le pouvoir central monarchique. Et c'est surtout la Révolution et le décret du 2 Thermidor de l'an II (20 juillet 1794) qui imposera le français comme seule langue officielle. La IIIème République se chargera du reste.

Nous verrons bien ce que le pouvoir jacobin fera de sa Cité internationale (dont une salle est consacrée aux langues de France), aussi bien pour l'étranger qu'en métropole. En attendant, la France n'a toujours pas ratifié la Charte européenne des langues régionales minoritaires.

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